Santé
May 29, 2024
Roxanne KOFFI

Saignons Sans Gênes: Une Lutte contre la Précarité Menstruelle

L’arrivée des règles marque une nouvelle phase dans la vie des adolescentes, synonyme de vulnérabilités. Beaucoup d’entre elles sont confrontées à la stigmatisation, au harcèlement et à l’exclusion sociale pendant cette période.

Je me souviens d’une expérience en CM2 où une camarade de classe a eu ses premières règles. Les garçons se sont moqués d’elle, tandis que les autres filles savaient ce qui se passait et la soutenaient. J’étais ignorante sur le sujet jusqu’à ce que ma mère m’explique plus tard ce que sont les règles. J’ai ressenti de la peine en réalisant à quel point le manque d’information pouvait être préjudiciable.

C’est en pensant à cette expérience que je me suis rendue à l’événement de l’OSEFF au Majestic Cinéma à Cosmos Yopougon, célébrant la Journée Internationale de l’Hygiène Menstruelle.

Ce qui m’a touchée dans cet événement, c’est que les jeunes garçons et les hommes étaient également impliqués dans la discussion. L’hygiène menstruelle concerne toute la communauté, et c’était rafraîchissant de voir que d’autres personnes y portaient attention. Bon nombre d’entre eux étaient maladroits dans leurs réponses, mais d’autres apportaient des informations dont j’étais ignorante. Des questions cruciales ont été abordées, fournissant des informations fiables à l’audience.

Khady Cissé

Mme Khady Cissé, sage-femme et commissaire générale des 72H des Menstrues d’OSEFF, a souligné l’importance de briser les tabous entourant les règles et d’éduquer les jeunes filles sur la gestion de leur cycle menstruel. Elle est aussi l’auteure de deux romans destinés à aider les jeunes filles à appréhender leurs règles. L’un de ces romans a été adapté en court-métrage, que nous avons eu l’honneur de visionner ce jour-là. Son slogan percutant, “Saignons sans gênes”, résonne désormais dans les esprits, invitant chacun à s’engager dans cette cause essentielle.

Mme Khady Cissé bénéficie du soutien de nombreuses organisations et associations, dont l’Unicef. L’Unicef joue un rôle crucial dans la promotion de l’hygiène menstruelle. Dans les régions du Nord de la Côte d’Ivoire, comme Ferkessédougou et Bouna, l’organisation travaille activement pour construire des latrines, fournir de l’eau et former des enseignants. Leur objectif est d’aider les élèves à briser les tabous et à gérer leurs règles avec dignité.

Les Services de Santé Scolaire et Universitaire – Santé des Adolescents et Jeunes, disponibles dans plusieurs établissements scolaires, visent à éduquer les jeunes sur leur cycle menstruel et à les aider à mieux comprendre et gérer cette période. Les intervenants ont également abordé les idées reçues, notamment la perception des règles comme quelque chose de sale et l’acceptation des douleurs menstruelles comme normales. Ils ont encouragé les jeunes filles à surmonter ces complexes et à s’accepter pleinement.

Cet après-midi riche en informations a également été l’occasion de découvrir l’application Menstrue Libre, une plateforme permettant aux jeunes filles de suivre leur cycle, de communiquer anonymement avec leurs consœurs et des professionnels, notamment des sages-femmes.

Ensemble, ces voix engagées font la différence et contribuent à briser les barrières entourant les règles. La précarité menstruelle ne doit plus être un sujet tabou, mais une cause que nous soutenons avec fierté et compassion. Que chaque goutte de sang menstruel devienne un symbole de force, de connaissance et de solidarité. Saignons sans gênes, et faisons de l’hygiène menstruelle une cause que nous portons fièrement, pour un monde où chaque adolescente peut s’épanouir sans entraves.