Là où chaque battement de cœur précoce trouve son refuge

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Il y a des moments dans la vie qui nous rappellent la chance inouïe que nous avons eu de naître dans des conditions optimales, entourés d’amour et de soins. En ce jour mémorable, je me retrouve devant une tâche aussi gratifiante que délicate : narrer l’inauguration du Centre National de Référence de Soins Mère Kangourou au CHU de Treichville.
Chaque fois que ma mère ou mes grands-parents racontaient ma naissance, ils ne cessaient de dire que j’étais un bébé énorme et que je resplendissais. J’avais bien évidemment fait des caprices au moment du premier cri, mais tout a fini par s’arranger. Malheureusement, tous les nouveau-nés ne partagent pas cette même chance.
J’ai eu l’occasion de rencontrer des femmes exceptionnelles, des mères courageuses qui m’ont confié les récits émotionnels de leurs enfants nés prématurés, avec des poids défiant toute logique.
Accompagnez-moi dans ce long voyage, dans la découverte d’un centre qui promet de changer le destin de nombreux enfants en leur offrant la chaleur, la proximité et les soins nécessaires à leurs premiers pas sur cette terre. C’est l’histoire d’un lieu dédié à la résilience, à l’espoir, et à la création d’un environnement propice à la croissance et au développement de ces petits miracles.
Les Centres de Soins Mère Kangourou
Les Unités de Soins Mère Kangourou (SMK) en Côte d’Ivoire sont des établissements dédiés à la survie des nouveau-nés prématurés. Ces centres adoptent la méthode « peau-à-peau », inspirée de la femelle kangourou, pour aider les nouvelles mamans à mettre en place une routine de soins. En Côte d’Ivoire, il existe à ce jour 15 Unités de Soins Mère Kangourou. Celui inauguré le Jeudi 29 Février 2024 a été l’initiative du gouvernement ivoirien, du Fonds Français MUSKOKA et de l’UNICEF, ainsi que d’autres partenaires. Il possède une capacité de 25 lits, avec un personnel soignant formé pour venir en aide et assister les mères ainsi que leurs enfants. Ces unités accueillent les mamans dont les bébés sont prématurés et/ou ont un faible poids à la naissance, c’est-à-dire entre 500g et 2 500g, mais n’ayant pas de maladie particulière, afin de donner une meilleure chance de survie à leur enfant.
Lors du discours des personnalités et du récit de la genèse de ce centre, des chiffres ont été énumérés, mais une question ne cessait de me tarauder l’esprit. Comment cette approche unique a-t-elle touché la vie de ceux qui en ont bénéficié ? Laissons la réalité poignante de ces récits nous guider vers une compréhension plus profonde de l’importance vitale de ces centres.
De la Douleur à l’Espoir

Pour débuter, permettez-moi de partager l’histoire bouleversante d’une femme exceptionnelle : Yao Amlan. Agée de 34 ans, elle a été confrontée à une grossesse complexe portant des jumeaux, deux petits garçons destinés à devenir le cœur de son monde. L’épreuve de la grossesse était déjà en soi un défi, mais le destin les a dirigés vers l’arrivée prématurée, à 7 mois et 5 jours. Tragiquement, l’un des deux petits n’a pas survécu, laissant un vide indescriptible.
Le bébé survivant, pesant à peine 1 kilo et 500 grammes, a trouvé son chemin vers le Centre de Soins Mère Kangourou. Pour Yao Amlan, cette expérience a été un véritable tournant dans sa vie de mère. Si sa première fille avait été prématurée, elle avait alors opté pour des traitements traditionnels pour prendre soin d’elle. Cependant, cette fois-ci, elle a délibérément choisi le Centre SMK, une décision qui a profondément marqué son ressenti. Initialement ignorante de l’existence de ce centre, elle y a été guidée par des sage-femmes qui ont su la prendre en charge, elle et son bébé.
L’histoire de Yao Amlan est un témoignage émouvant de résilience et d’amour maternel. Elle met en évidence la différence cruciale que les soins professionnels et la chaleur humaine de l’unité SMK peuvent apporter dans la vie de ceux qui en ont besoin. Pour elle, la confiance inspirée par le professionnalisme du personnel soignant et l’atmosphère accueillante de l’unité ont été des facteurs décisifs. Sa préférence pour cette approche par rapport aux méthodes traditionnelles est enracinée dans une confiance renouvelée et une expérience positive qu’elle n’est pas prête d’oublier. « Si les sage-femmes ne m’avaient pas dirigée ici, je ne sais pas si mon enfant serait en vie aujourd’hui », m’avait-elle confié lors de notre entretien. Ainsi, à travers son récit, nous sommes témoins du pouvoir transformateur des Soins Mère Kangourou.
Une Ambassadrice de l’Espoir
Comme vous pouvez le deviner, il n’est pas évident de placer sa confiance dans un programme dont on ne sait pratiquement rien. Cependant, les sages-femmes détiennent l’art de rassurer et d’informer les mères sceptiques et désespérées. Selon Mme Miezan Marie-José, sage-femme d’État œuvrant au sein de l’unité depuis 2018, près de 90% des femmes affectées au centre se laissent convaincre par la méthode Mère Kangourou.
Cette professionnelle de la santé semblait émerveillée par l’ensemble des réalisations accomplies par l’équipe. Elle se remémorait notamment le cas d’un bébé prématuré, né à seulement 750g, qui présentait fréquemment des pauses respiratoires, mais qui a réussi à surmonter ces difficultés pour survivre. Ce cas particulier n’avait pas pu s’échapper de sa mémoire, et elle a maintenu un contact régulier avec la mère pour prendre des nouvelles de l’enfant.
Que Deviennent-ils ?
Mme Don Josée, une mère empreinte de gratitude, a partagé son voyage émotionnel au sein de l’Unité de Soins Mère Kangourou avec sa fille bien nommée Miracle. Cette mère courageuse a traversé une grossesse périlleuse, débutant par un cerclage effectué à peine deux mois après le début de la gestation. Les enjeux étaient élevés, et l’enfant, né à seulement 6 mois avec un poids minuscule de 800 grammes, a frôlé le danger imminent.
Cependant, grâce aux soins attentifs et dévoués du personnel de l’Unité SMK du CHU de Treichville, ce petit miracle a surmonté les obstacles initiaux. Aujourd’hui, cette petite héroïne est devenue une boule d’énergie, courant et dansant avec une vitalité contagieuse. Pour Mme Don Josée, chaque pas de la petite Miracle est un rappel poignant de la chance et du bonheur retrouvés.
La reconnaissance de Mme Don Josée envers le l’Unité est palpable. Elle exprime sa gratitude profonde envers l’équipe qui a veillé sur sa fille, transformant une période de peur et d’incertitude en une aventure pleine de vie. La joie de Mme Don Josée, aujourd’hui, est le reflet éclatant de la réussite de sa petite Miracle et de l’impact positif de l’Unité de Soins Mère Kangourou dans leur vie.

Puissent ces récits continuer à toucher les cœurs et à susciter une action empreinte de compassion envers ces petits miracles et leurs mères vaillantes. Ensemble, nous écrivons une ode à la vie, à l’amour et à l’espoir, au sein de ces murs où chaque battement de cœur résonne comme une mélodie de grâce et de triomphe.