Éducation
January 5, 2024
Largaton SORO

FOUNGNIGUE, L’ENFANT DE LA GRANITE

« Ce n’est pas l’endroit où je dois être… »

Au fin fond de la ville de korhogo, cité du poro se trouve un endroit, cet endroit est nommé la « carrière des granites ». Dans ce magnifique lieu où se heurtent belle vue et étendue d’eau, se trouvent des familles, des familles qui y travaillent de manière manuelle, des hommes, des femmes travaillent pour gagner ne serait-ce le pain quotidien. Parmi une flopée de travailleurs, mon regard s’est tourné vers Foungnigue, Foungnigue, environ 1 mètre 40, de teint noir, sous le dur soleil de la zone la plus caniculaire du pays a en main une barre de fer qu’il utilise pour casser les graviers entassés devant lui.

Intriqué, je décide d’en connaître plus sur lui et de vous partager son histoire. Foungnigue, l’enfant de la granite nous parle.

Foungnigue


« Je ne connais pas mon âge » a-t-il répondu à la question de connaître son âge. Foungnigue ne parle pas français, il ne parle que les langues « malinké » et « senoufo ». Notre conversation était donc en malinké, mais pour une retranscription parfaite et une compréhension limpide, je traduirais nos propos pour vous.

– Bonjour comment tu vas ? Fut ma première question que je posai à cet enfant assis à même le sol sous le soleil qui exerçait un métier assez compliqué.

Il me répond que tout allait parfaitement bien. Mais au fond, je savais que Foungnigue avait peur et se demandait qui j’étais. Je l’ai alors rassuré et il s’est ouvert à moi.

– Comment as-tu atterri ici ? Lui demandais-je.

– Mes parents, ce sont eux qui m’ont envoyé ici

– C’est uniquement pour les congés ?

– Non, j’y suis tous les jours, je fais de ça mon quotidien

(Silence intriguant …) je repris par :

– Tu ne vas pas à l’école ?

A cette question, Foungnigue mis du temps avant de me répondre, il baissa la tête et me répond par la négative.

Ma question était pourquoi ? Pourquoi à ton âge tu ne vas pas à l’école ? D’ailleurs, quel âge as-tu ?

– Je ne connais pas mon âge, je ne sais pas quand je suis né.

J’ai alors compris que l’UNICEF à trouver un très bon point pour faire changer les choses avec la campagne #NoNameCampaign car jusqu’à aujourd’hui des milliers d’enfants se retrouvent dans le cas de Foungnigue et n’ont aucun document qui atteste de leur naissance pour leur faire comprendre qu’ils existent et qu’ils ont des droits.

– Combien gagnes-tu par jour avec ce travail assez cocasse ? Car moi-même qui ne travail pas, je ressens les brûlures du soleil, ça doit être compliqué pour toi.

– On gagne souvent 500 francs par jour ou 1000 francs si on a fait assez et ainsi de suite, cela dépend de notre rendement.

– Et toi, quelle est la plus forte somme que tu as touché ?

– Depuis je fais ça j’ai gagné 1500 francs comme forte somme. Lorsque j’envoie à la maison on me dit que c’est peu donc je fais de mon mieux toujours pour avoir plus.

Lors de cet interview j’ai carrément oublié que je devais retenir mon ressenti, j’avais les yeux larmoyant en le regardant casser les gros morceaux de graviers qui étaient devant lui. Je repris mes émotions en lui posant une dernière question :

– Souhaites-tu aller à l’école ? Et pourquoi ?

– Bien sûr que je veux y aller, je veux parler le français comme vous. Lorsque les gens viennent visiter le site (la carrière des granites), ils sont accompagnés de petits-enfants qui parlent correctement, qui sont polis et savent s’exprimer. Je veux avoir cette chance parce que ça me fait mal de ne pas aller à l’école.

Foungnigue avait les mots, ils savaient répondre à mes questions, mais tout en ayant toujours les yeux et l’énergie sur ses graviers pour ne pas perdre le temps et ne rien avoir en journée.  

Je lui adresse alors mes sincères remerciements et je me posa sous un arbre.

MON BILAN SUR CETTE SITUATION

Il est encore malheureux de savoir qu’en 2024, des enfants qui ont l’âge de suivre les cours ne bénéficient pas de ce droit primordial et important.

Il est encore malheureux de savoir que dans l’une des plus grandes villes de la Côte d’Ivoire, un enfant ne connaît pas sa date de naissance, n’a pas d’extrait de naissance.

Il est encore malheureux de se rendre compte que des responsables acceptent des enfants en bas âge dans leur société pour y travailler sachant que cela demande assez d’effort physique pour leur petit corps.

Il est encore malheureux de savoir que des parents risquent la vie de leurs enfants pour une modique somme de 1500f par jour entre le soleil, le fer qu’ils tiennent et les rochers.

L’éducation, la déclaration, le respect des Droit, la liberté et l’encadrement sont des droits essentiels et vitaux qu’un enfant se doit d’avoir. Il est important de mener des campagnes, des activités de sensibilisation pour en parler, pour faire résonner des consciences encore endormies en vue de sauver des vies, sauver des Droits. Foungnigue n’a pas demandé à être sous le soleil, tout ce qu’il veut, c’est aller à l’école comme ces enfants qu’il voit venir visiter le site touristique. Comme lui-même l’a signifié « Je veux aller à l’école et apprendre le français comme vous ». Foungnigue a la volonté et Foungnigue
n’est qu’un ENFANT.