Éducation
March 17, 2024
Largaton SORO

EDUCATION POUR TOUS SANS DISCRIMINATION (ADELINE FACE A SON REVE DE PETITE FILLE QUI SE BRISE)

« Je ne veux que suivre les cours…c’est seulement ça mon vœux » Adeline, 13 ans…

UN DROIT FONDAMENTAL BALAYÉ DU REVERS DE LA PAUME.

J’ai toujours survolé le monde sans savoir que le fond me ferait perdre pied, perdre la raison et me plongerait dans une multitude de question, je ne savais pas que le fond de ce monde regorgeait de tant d’inégalité, des inégalités qui étaient censées être des inégalités qui ne devaient pas franchir les années 2000, des inégalités sans fondement ni raison.

Jeune blogueur, je relate dans ce blog intitulé « PARCEQUE JE SUIS UNE FILLE… »le périple scandaleux, scabreux de Adeline. Adeline, 13 ans est le prototype typique de ce genre de petite fille calme, respectueuse et très avenante. Issue d’une famille de 5 enfants notamment de 3 garçons et 2 filles, elle est la troisième enfant de cette famille SILUE. Je fis sa rencontre dans l’optique d’en connaitre assez plus sur elle et ce qu’elle vit. En effet, notre conversation se fit en langue locale, mais pour une compréhension facile, limpide, je vous traduirez dans ce blog l’entièreté de notre discussion.

Pourquoi le choix de Adeline ?

Depuis maintenant quatre mois, j’ai remarqué que Adeline n’arborait plus la chaleureuse robe d’école, cet uniforme aux milles carreaux qui la rendait joyeuse, heureuse, qui lui faisait rêver grand, elle avait un spectre de vêtement opposé à cette robe de petite fille scolarisé, elle était différente.

Ses fréquentations se sont limitées, elle ne jouait plus, elle avait perdu toute joie, j’avais en face de moi une nouvelle Adeline. Dès notre rencontre, à ma première question de savoir pourquoi elle ne portait plus cet uniforme, elle versa une larme, une chaude larme qui m’a automatiquement poussé à la serrer dans mes bras jusqu’à ce qu’elle reprenne ses esprits et puisse m’en parler.

Adeline – Papa a décidé que j’arrête les cours parce que mes frères y sont déjà.

Moi – Tu étais en quelle classe déjà ?

Elle – CM2, CM2, CM2 grand frère…

Moi – Et il n’a pas donné de raison ?

Elle – Il dit que maman est seule à la maison pour les taches ménagères alors qu’elle même le supplie de me laisser aller à l’école, c’était ça la première cause.

Moi – Parce qu’il y en a une deuxième ?

Elle – Au fur et à mesure, il a fini par dire que le rôle d’une fille n’est pas d’aller loin à l’école, elle pourra combler cette lacune avec un homme aisé plu tard, avec des enfants et que l’école n’est pas le choix approprié pour UNE FILLE.

Oui, j’étais dans le même état que vous ; j’étais pantois face à ce récit qui me semblait être celui de 1970, j’avais très mal, je me demandais si cette mentalité est rependu hors de cette famille ?

Et oui, faut savoir qu’en côte d’ivoire, il existe plus de filles déscolarisées que de garçons selon les statistiques pour des raisons culturelles et traditionnelles. Le cas de Adeline n’était pas le premier que j’apprenais, mais  cette douleur s’est amplifiée quand j’ai vu ses bulletins de l’année antérieure ou elle glanait des excellentes notes au CM1, quel gâchis.

Elle reprit, « Ma mère n’est pas allée a l’école, pour mon père, c’est le meilleur choix pour une fille, mes frères ainés, Paul et Augustin sont respectivement en 3e, ils sont jumeaux et ont 17 ans, je suis la troisième, pourquoi c’est moi qui devrait écoper de tout ça ? »

Moi – Mais dit moi, que fais-tu concrètement à la maison ?

Adeline – Je nettoie, je range, je prépare pour les autres, j’aide maman, je vais au champ avec maman les vendredis qui sont les jours de marchés pour récolter et aller vendre ce que nous gagnons au champ.

Moi – Mais personne de ton entourage, oncle, tante, n’est venu se plaindre ?

Adeline – C’est mon oncle Moussa qui a même donné l’idée à mon père (dit-elle avec un sourire triste et les yeux baissés avec une herbe en main).

Moi – C’est quoi ton souhait là maintenant ?

Adeline – Partir à l’école, juste ça, juste faire comprendre à papa que je ne suis pas une fille de ménage, que j’ai aussi des capacités intellectuelles comme mes frères, aujourd’hui je suis sûre de moi, je sais que je pourrai accomplir mon rêve de journaliste, je ne veux que suivre les cours…c’est seulement ça mon vœux.

BON A SAVOIR

Le cas d’Adeline n’est pas un cas abstrait, en cote d’ivoire et dans la majorité des pays africains, des centaines de rêves de jeunes filles sont brisés par des familles encore encrées dans ce processus traditionnel qui met l’éducation de la petite fille en second plan. En 2021 par exemple, seulement 47,2% de filles en âge d’être scolarisées ont été scolarisées contre 63,8% de garçons.

Dans le monde, c’est environ 122 million  de filles qui ne sont pas scolarisées, selon les dernières statistiques de 2023 de l’Unesco. Des pourcentages et chiffres qui laissent de marbre et montrent qu’un réel travail doit être fait car il est admissible qu’aujourd’hui ce droit essentiel et primordial et puisse faire lieu de débat et de droit axé sur un genre.

La scolarisation de la jeune fille comme celle du garçon ne doit être négligée sous aucun prétexte d’autant plus qu’en  cote d’ivoire, l’école est gratuite. Le monde doit savoir que l’éducation est la clé d’un monde meilleur, équilibré et qu’éduquer une fille, c’est éduquer une nation.

Le changement se fera à travers toi, moi, nous, vous, pour un monde qui sortira de ces stéréotypes, préjugés, qui pourra éradiquer ces inégalités sur le genre au plan éducationnel pour un monde sain et meilleur.

Largaton et Adeline